, par Catherine Philibert
La liberté de la presse reste un sujet brûlant. Et l’Europe occidentale n’est pas épargnée.
Le Parlement Européen demande d’ailleurs que le secteur soit régulé depuis 1984. De surcroît, le Commissaire du Marché Intérieur Mario Monti avait alerté sur la nécessité de surveiller les concentrations de media dans les années 1996-97.
C’est en 2022 que la Commission s’empare du problème en dévoilant, le 16 septembre, un nouveau projet de loi : « Medium Freedom Act » destiné à garantir l’indépendance éditoriale des media de l’UE.
Le Medium Freedom Act
Le Medium Freedom Act propose donc de réguler l’activité des médias. Alors que la numérisation a mis à mal la notion de frontières, que des entreprises ou des personnes font l’acquisition de media dans différents pays, la Commission a considéré que l’enjeu touchait au bon fonctionnement du marché intérieur et qu’il convenait d’harmoniser le secteur. Ce texte comprend plusieurs points clés.
Bien entendu, l’initiative ne fait pas l’unanimité, et il y a, comme à l’accoutumée, ceux qui trouvent le texte frileux (les associations) et ceux qui le trouvent liberticides (les éditeurs).
L’examen de ce projet a commencé au Parlement Européen fin novembre 2022, affaire à suivre !
Quelles menaces pour la multiplicité des points de vue ?
Medias publics qui deviennent des outils de propagande, concentrations capitalistiques sur une multitude de titres (un nombre restreint d’acteurs financiers détient une quantité importante d’entreprise de presse, radio, TV), contraintes exercées sur les journalistes par les propriétaires, les menaces sont multiples. Et si plusieurs pays de l’Union Européenne font l’objet d’inquiétudes comme la Hongrie, la Pologne ou la Slovénie, des exemples récents montrent que la menace concerne aussi l’Europe occidentale. A cet égard on peut citer l’assassinat de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia en 2017ou le scandale d’espionnage de journalistes en Grèce révélé en août 2022 impliquant le gouvernement Mitsotakis… et en remontant plus loin dans le temps, on se souvient de Sylvio Berlusconi, qui cumulait le statut de patron du plus grand groupe de media italien avec le poste de premier ministre.
Pluralisme des media et multiplicité des points de vue
En France, le pluralisme des media est un principe constitutionnel. Depuis 1935, des lois existent pour protéger l’indépendance des journalistes, par exemple la « clause de conscience » ou la « clause de cession » grâce auxquelles un journaliste peut quitter sa rédaction en cas de cession de l’entreprise propriétaire ou de changement de ligne éditoriale.
Mais on peut légitimement s’interroger sur leur utilité si la majorité des medias d’un pays est concentrée entre les mains d’un nombre restreint d’actionnaires et de dirigeants… En France, on pense au groupe Hersant en son temps, et à d’autres exemples plus récents. Dans de telles conditions, où notre journaliste en désaccord avec la nouvelle ligne éditoriale de son employeur pourra-t-il aller exercer son métier ?
La position de Cafeyn
En réunissant plus de 2000 titres sur sa plateforme, en proposant leur lecture en ligne et hors ligne, Cafeyn se pose en fervent défenseur du pluralisme des media. A la tête de l’entreprise, Ari Assuied déclare : « nous voulons inviter les lecteurs à aller au-delà des gros titres et découvrir le travail des journalistes, quel que soit le sujet traité ».
Cafeyn se pose en acteur du pluralisme, en lieu de confrontation des points de vue. Parce qu’une information de qualité est aussi une information plurielle, parce que chacun doit pouvoir accéder aux différentes lectures d’un contexte ou d’un événement. Tant auprès des particuliers que des entreprises, administrations, médiathèques, la plateforme Cafeyn a à coeur de constituer une communauté qui, après avoir pris connaissance des différents points de vue, exerce finalement son libre arbitre.